May BOLLES - MAXWELL

14 janvier 1870 - 3 mars 1940

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La "Servante bien-aimée"

 

Enfance et jeunesse de May Bolles (1870 - 1898)

 

May Bolles naît à Englewood, New Jersey, entre New-York et Philadelphie, le 14 janvier 1870. Elle est la fille de John B. Bolles et Mary Martin Bolles, américains depuis plusieurs générations. Elle passe sa petite enfance avec son frère Randolph, qu'elle aime beaucoup - dans la maison de son grand-père maternel - un homme très connu dans le milieu bancaire new-yorkais.

Petite fille, elle possède déjà de précieuses qualités: une aptitude à nouer des liens d'affection durables; un vif désir de la vérité, et une nature originale et indépendante, une grande sensibilité spirituelle.

A l'âge de 11 ans, elle fait l'expérience dans son sommeil d'une lumière si brillante que pendant la journée suivante elle est aveugle.

A 14 ans, elle refuse la scolarité traditionnelle. "Je sentais qu'il y avait une autre manière d'acquérir le savoir".

 

Paris est très tôt un pivot dans sa destinée, le français une langue dans laquelle elle pense souvent. Deux visites en tant qu'enfant, y compris une période dans une institution religieuse, sont suivies d'un séjour de 11 ans pour les études d'architecture de Randolph à l'Ecole des Beaux-Arts.

 

Malgré la beauté et le confort de son environnement et la chaleur de ses rapports avec sa mère et son frère, les années parisiennes n'ont pas toujours été des plus faciles.

La maladie la cloue au lit pendant deux ans de 1896 à 1898. Elle devait se rappeler plus tard de ces mois comme d'une préparation.

 

Durant une nuit de 1896, elle rêve que des anges la transportent dans l'espace. En voyant une lueur, elle découvre la terre sur laquelle est écrit un mot. Les seules lettres du mot qu'elle peut lire sont B et H mais elle sait que ces lettres vont transformer sa vie.

 

Une autre fois, durant la même année, elle a en rêve la vision d'une silhouette majestueuse vêtue à l'orientale qui lui fait signe de l'autre côté de la Méditerranée. Elle pense que c'est Jésus mais, lorsque deux ans plus tard, elle rencontre Abdu'l-Bahá, elle reconnaît le personnage de son rêve.

 

Découverte de la Foi

Rencontre avec Abdu'l-Bahá (1898-1899)

 

A Paris, Mme Bolles, son fils et sa fille occupent un appartement au quai d'Orsay laissé à leur disposition par Phoebe Hearst, amie intime de la famille et riche veuve du sénateur George Hearst. Y vivent également deux nièces de Mme Hearst que Mme Bolles chaperonne.

 

Phoebe Hearst a prévu de visiter l'Egypte et de remonter le Nil à la fin de l'année 1898. Bahá'íe depuis peu, elle souhaite ajouter Saint-Jean-d'Acre à son itinéraire. Elle invite Edward et Lua Getsinger, qui lui a fait découvrir la Foi, ainsi qu'Ibrahim Kheiralla et sa femme à se joindre au groupe, sans compter plusieurs employés et parents. Kheiralla est un syrien, devenu bahá'í en 1890 en Egypte. Arrivé à New-York fin 1892, il a introduit la Foi en Amérique du Nord.

 

En novembre 1898, Phoebe Hearst amène donc à l'appartement occupé par les Bolles ce groupe de touristes américains, à l'exception du couple Kheiralla parti directement en Egypte. Le but officiel du voyage est la remontée du Nil.

 

En 1898, quand les premiers bahá'ís voyageaient en Terre Sainte, Abdu'l-Bahá était en grand danger. Son demi-frère Muhammad-Alí s'était rebellé contre son autorité en tant que chef de la Foi, rang qui lui avait été conféré par Bahá'u'lláh.

Entre autres, Muhammad-Alí essayait sans cesse d'éveiller les soupçons dans l'esprit des officiels du gouvernement turc. Il en résultait que les pèlerins ne pouvaient se rendre directement de Paris à St-Jean-d'Acre; ils allaient donc en Egypte où ils attendaient les instructions d'Abdu'l-Bahá pour lui rendre visite, par petits groupes. Ils passaient quelques jours dans la maison des pèlerins à Haifa et trois jours dans la maison d'Abdu'l-Bahá.

 

Après 21 jours passés en Egypte, Ibrahim Kheiralla arrive à St-Jean-d'Acre le premier, le 11 novembre 1898. Il est couvert d'honneurs: Abdu'l-Bahá,  pour récompenser ses efforts à introduire la Foi de Bahá'u'lláh à l'Ouest, lui confère le titre de "Second Colomb" et "Conquérant de l'Amérique". De plus, il commémore son arrivée en mettant fin à la période de deuil pour Bahá'u'lláh et en donnant aux pèlerins accès à sa tombe pour la première fois, le 13 novembre 1898.

Edward et Lua Getsinger arrivent à leur tour à St-Jean-d'Acre le 10 décembre 1898 et sont les premiers bahá'ís nord-américains à rendre visite à Abdu'l-Bahá. A St-Jean-d'Acre, à part Ibrahim Kheiralla, un seul bahá'í connaît l'anglais. En conséquence, la traduction est extrêmement difficile.

Les Getsinger resteront d'ailleurs plus longtemps que prévu pour commencer à apprendre le persan. Ils commenceront à étudier la Foi en profondeur et trouveront bientôt des divergences entre ce que Kheiralla leur a enseigné et ce que disent les écrits bahá'ís.

 

May Bolles atteint enfin son Seigneur le vendredi 17 février 1899; elle raconte elle-même ce voyage inoubliable dans "An early pilgrimage", publié en 1917.

 

"De cette première rencontre, je ne peux me rappeler ni joie, ni douleur, ni aucune chose que je puisse nommer. J'avais été transportée subitement à de telles hauteurs; mon âme était entrée en contact avec l'Esprit Divin et cette force si pure, si sainte, si puissante m'avait submergée. Il parla à chacun d'entre nous, l'un après l'autre, de nous-mêmes, de nos vies et de ceux que nous aimions et bien que ses mots fussent peu nombreux et simples, ils insufflaient l'Esprit de Vie à nos âmes".

 

Abdu'l-Bahá leur demande d'être prêts à le rejoindre à St-Jean-d'Acre le mercredi 21 février à 6h. Le mardi soir, May confie à Lua Getsinger, sa mère spirituelle, que le Maître n'a sûrement pas réalisé l'état de faiblesse et de maladie dans lequel elle est et qu'il ne doit pas s'attendre à ce qu'elle se joigne aux autres le mercredi matin.

 

"...C'était à l'approche de l'aube quand je me réveillai, me sentant agitée par un souffle. Je ne peux pas décrire ce qui suivit mais à travers mon âme se répandait une essence; une force puissante et invisible pénétrait tout mon être, le gonflant d'une vie illimitée, d'amour et de bonheur, me soulevant et m'enveloppant dans sa vigueur et sa paix considérables. Je sus alors que c'était l'Esprit Saint et que notre Seigneur était en train de prier pour ses servantes dans cette aube bénie et je me levai et je priai et je me sentis tout à fait bien".

Durant les trois jours passés dans la maison d'Abdu'l-Bahá à St-Jean-d'Acre:

 

"Durant les trois jours et les trois nuits formidables que nous passâmes dans ce lieu sacré, nous n'entendîmes que la mention de Dieu; son Saint Nom était sur chaque langue, sa beauté et sa bonté étaient le thème de toute conversation; sa Cause glorieuse, le seul but de chaque vie. Chaque fois que nous nous réunissions dans une pièce, ils parlaient sans cesse de la Perfection Bénie, relatant quelques incidents de la vie du Bien-Aimé, mentionnant ses paroles, parlant de ses actes et de l'amour passionné et du dévouement de ses disciples jusqu'à ce que nos coeurs brûlent d'amour et de désir."

 

"Nous avions appris qu'être avec Abdu'l-Bahá était vie, joie et bénédiction. Nous devions aussi apprendre que sa présence est un feu purificateur. Le pèlerinage en Terre Sainte n'est qu'un creuset où les âmes sont testées, où l'or est purifié et les scories sont consumées. Il semblait impossible qu'autre chose que l'amour pût jamais animer nos paroles et nos actions..."

 

Devant le tombeau de Bahá'u'lláh à Bahjí:

 

"...comme nous regardions cette porte voilée, nos âmes s'agitaient en nous comme si elles cherchaient à se libérer et, si nous n'avions pas été soutenus par la miséricorde divine, nous n'aurions pu supporter l'intensité de la joie et du chagrin et de l'amour et du désir ardent qui secouaient les tréfonds de nos êtres... Puis Abdu'l-Bahá nous conduisit à la porte du tombeau où nous nous agenouillâmes pendant un moment, puis il ouvrit la porte et nous fit entrer. Ceux qui ont passé ce seuil ont été pendant un bref instant en présence de Dieu, leur créateur où aucune pensée ne pouvait les suivre..."

 

Le samedi matin, jour de leur départ de Saint-Jean-d'Acre:

 

"...Quand nous nous éveillâmes le samedi matin, il semblait que nous prenions pleinement conscience de cette séparation et qu'une obscurité intense nous envahissait et que nous étions entièrement seuls au monde à part lui. Il nous fit venir à lui à l'aube et comme nous contemplions son visage miséricordieux nous vîmes qu'il savait tout et qu'il nous soutiendrait et nous donnerait de la force... Dans la puissance et la majesté de sa présence, notre peur fut transformée en foi parfaite, notre faiblesse en force, notre chagrin en espoir et nous nous oubliâmes nous-mêmes dans notre amour pour lui..."

 

Après les paroles d'adieu d'Abdu'l-Bahá:

 

"..Quand il eut fini de parler, nous fûmes doucement éloignés par les membres de la Sainte Famille et pendant un moment c'était comme si nous étions en train de mourir notre Maître ne détacha jamais son regard compatissant de nos visages jusqu'à ce que nous ne puissions plus le voir à cause de nos larmes....

Comme nous nous éloignions de la demeure de notre Père Spirituel, soudain son esprit vint à nous, une grande force et un grand calme remplirent nos âmes, la douleur de la séparation fut transformée en joie d'union spirituelle.

 

Ses paroles s'accomplissaient déjà: "l'heure est venue de nous séparer mais il s'agit seulement de la séparation de nos corps; en esprit nous sommes unis à jamais".

  

Activités d'enseignement à Paris (1899 -1902)

 

A son retour à Paris, avec des amis, May commence tranquillement à transmettre son expérience bouleversante. Ses compagnons de pèlerinage sont maintenant retournés en Amérique, la laissant seule. Sa tâche est d'établir dans cette ville une Cause Divine.

 

Citer simplement les noms de ceux qui, de 1899 à 1902 sont attirés par sa "fascination personnelle... si fragile, si lumineuse... et la beauté la plus délicate, la plus parfaite, celle d'une fleur, et d'une étoile" (Juliet Thompson)… a de quoi surprendre.

La première à croire est Edith MacKaye. Au Nouvel An de 1900, Charles Mason Remey et Herbert Hopper suivent. Puis viennent Maris Squires (Hopper), Helen Ellis Cole, Laura Barney, Mme Jackson, Agnes Alexander, Thomas Breakwell, Edith Sanderson et Hippolyte Dreyfus, le premier bahá'í français.

De plus, Emogene Hoagg et Mme Conner arrivent d'Amérique à Paris en 1900, suivis de Sigurd Russell, qui, à 15 ans, revient de St Jean d'Acre comme croyant. Enfin, en 1901 le groupe est renforcé par Juliet Thompson et Lilian James.

 

En 1901 et 1902, le groupe bahá'í de Paris compte de vingt-cinq à trente personnes avec May Bolles comme guide spirituel et enseignante.

Il ne faut pas oublier que cette réussite sans pareille fut atteinte sans documentation, presque sans connaissance.

Seulement quelques prières, les Paroles Cachées et l'attachement au Bien-Aimé Suprême alimentent et protègent son enseignement.

Quel bienfait ce fut de recevoir en 1901, la visite de longue durée de Mirza Abu'l Fadl envoyé par le Maître pour renforcer ses enfants d'Occident. Pendant un mois, il leur donne un enseignement quasi journalier à l'aide des traductions de Anton Haddad et 'Alí-Kuli Khán.

 

A propos de ces heures mémorables, Juliet Thompson écrit:

"Ce groupe parisien était si profondément uni dans l'amour et la foi; May Bolles, Lua Getsinger, Laura Barney et 'Alí-Kuli Khán, surtout ces quatre personnes tellement inspirées, tellement transportées, tellement ivres d'amour pour le Maître bien-aimé; notre grand professeur, Mirzá'Abu'l-Fadl, si divinement sage - que ces jours furent des jours de prodiges, de confirmations incroyables".

L'événement le plus merveilleux de cette époque féconde est sans doute la déclaration de cet esprit brillant que fut Thomas Breakwell.

C'est parce que May a obéi à Abdu'l-Bahá malgré le mécontentement de sa famille, qu'elle est restée à Paris durant l'été de 1901. Elle s'y trouve donc quand une amie se présente avec "un jeune homme de taille moyenne, mince, droit et gracieux, avec un regard intense et un charme indescriptible."

Bien que, lors de leur première rencontre, elle n'ait pas mentionné sa Foi, il revient le jour suivant dans un état de grande agitation, car il a eu une vision de la présence du Christ sur cette terre. "Il était comme une lumière étincelante et dans un tel état d'esprit qu'il reçut le Message dans sa totalité, sa force et sa beauté dans les trois jours, et le troisième jour, il envoya à Abdu'l-Bahá une supplique que je n'ai jamais vu égaler force et en simplicité :"Mon Seigneur, je crois; pardonne-moi. Ton serviteur, Thomas Breakwell". Ce soir-là j'allai rue du Bac pour relever mon courrier... et il y avait un petit câblogramme bleu d'Abdu'l-Bahá.  Avec quelle surprise et quel étonnement je lus Ses mots "Vous pouvez quitter Paris à tout moment".

 

Même si nous sommes touchés par ce compte-rendu et par le souvenir de celui auquel le Maître s'adressait ainsi: "Oh mon bien-aimé, oh Breakwell! Tu es devenu une étoile à  l'horizon le plus exalté...", nous devons percevoir la totale disponibilité de cet instrument grâce auquel Abdu'l-Bahá réalisa sa volonté.

May n'est pas seulement soumise dans les domaines concernant sa Foi. Elle met son être entier, chaque lien affectif et chaque objectif à Sa disposition en toute confiance: "Je n'ai pas deux vies mais une seule" écrivait-elle en 1934,  "la vie intérieure de la Cause à laquelle toute chose et toute circonstance extérieure doivent s'adapter". Ainsi pour son mariage, elle le retarde selon Son désir.

William Sutherland Maxwell, canadien écossais, issu d'une vieille famille considérée de Montréal et jeune étudiant aux Beaux Arts, fait la connaissance de May Bolles par l'intermédiaire de son frère, peu après son arrivée en octobre 1899 à Paris. Il n'est pas bahá'í; à vrai dire, il n'assiste à aucune réunion avant 1902. Au bout de dix-sept mois (début 1901), il retourne à Montréal pour entrer dans la vie professionnelle, fiancé à May, mais attendant qu'elle soit prête. Ils se marient enfin à Londres le 8 Mai 1902. Et sa patience, dit-il lui-même, fut récompensée durablement.


 

Activités d'enseignement

au Canada et aux États-unis

 

Elle a 32 ans en 1902 quand, sa renommée la précédant, elle retourne en Amérique. Elle doit s'arracher à ce Paris qu'elle aime tant, se séparer de ses compagnons les plus chers pour devenir une épouse dans un pays lointain et étranger.

 

Le Maître lui écrit: "Tu es comme de l'or pur qui va passer à l'épreuve du feu....Ceins-toi les reins, fortifie ton dos, lève-toi et avec la force de ton cœur, proclame la parole de Dieu... dans cette région lointaine".

 

Cependant, elle fut toujours une créature sans racines, et pour elle ni le temps ni l'espace, ni les projets des hommes n'avaient d'emprise réelle, tendance renforcée par l'enseignement d'Abdu'l-Bahá. "Le temps est une grossière illusion,disait-elle, l'aune de notre captivité présente".

 

Louise Bosch raconte:

 

"Chaque fois que je la regardais et que je contemplais son attitude face à la vie et ce qu'elle en faisait, je sentais clairement qu'elle était seulement en visite dans ce monde...".

"Éphémère" - c'était son propre terme. Elle savait bien que "l'âme grandit et s'épanouit seulement dans une atmosphère de joie" et tandis que ce monde semblait une ombre fugitive, il était cependant illuminé par la splendeur de sa vraie maison divine.

 

Cette joie inaltérable elle l'emporte à Montréal et l'implante dans sa maison terrestre. Bien qu'elle se déplace une centaine de fois (ses lettres sont datées de Boston, New-York, ...) son cœur retourne toujours à la maison Maxwell, point de rencontre "non seulement des amis bahá'ís ... mais de tous les pèlerins de passage" (Elizabeth Greenleaf). Louise Bosch, Alí-Kuli-Khán, Lua Getsinger, Agnes Alexander, Mason Remey, Elizabeth Greenleaf, Martha Root, Emogene Hoagg, Mabel Ives - noms illustres de la Foi - sont les invités de M. et Mme Maxwell.

 

Une chose est certaine, c'est que partout où elle voyage l'esprit d'Abdu'l-Bahá l'accompagne. Si puissante est la force de Son attraction sur son cœur qu'elle devient à son tour "un aimant d'amour attirant chacun à Dieu". C'est sa seule méthode d'enseignement, la source cachée d'un effet incomparable.

 

Le passage suivant est extrait d'une lettre de 1915: "Nous devons d'abord toucher le cœur pour l'éveiller; s'il s'ouvre et répond, nous devons semer les  précieuses  graines...   Préparez  le  sol  avec  la chaleur de votre amour à la manière dont le soleil prépare le sol au printemps sinon la graine ne germerait pas. Otez les pierres et les mauvaises herbes... c'est-à-dire, d'une manière bienveillante, essayez d'ôter les préjugés... Déracinez les superstitions étroites en suggérant des idées plus larges et plus profondes. Ne vous opposez jamais aux idées et aux affirmations des gens mais offrez-leur une manière un peu plus noble de voir la vie... C'est l'Esprit de Dieu qui fait le travail; nous devons attendre que l'Esprit se manifeste et faire seulement ce qu'il ordonne".

 

De cette manière donc, la Foi est semée à Montréal. En 1903, Sutherland Maxwell devient le premier bahá'í canadien suivi, peu de temps après, par sa cousine Martha MacBean. Des réunions peuvent alors commencer et plus tard se tiennent régulièrement. Bientôt d'autres vont se déclarer.

 

En même temps, le nom de Mme Maxwell est associé pour ses concitoyens à des actions sociales. Avant 1912, elle subventionne un Tribunal d'Enfants à Montréal, et ses efforts sont essentiels pour le maintien de la laiterie de Colborne Street.

Plus tard vers 1914, elle ramène de New York un enseignant Montessori, commençant la "première école de ce type au Canada dans notre propre maison... C'est à travers tout cela que je m'intéressai au mouvement pour l'Education Progressive, dont je fus pratiquement un membre fondateur...". 

 

Second pèlerinage (février 1909)

 

 Elle n'a pas rendu visite à Abdu'l-Bahá depuis 10 ans et bien que son nom y soit souvent mentionné, son retour à Saint-Jean-d'Acre provoque un grand plaisir. Louise Bosch a décrit cette rencontre avec le Maître et les dames de la maison ainsi que le tendre accueil de la Sainte Mère: "D'abord jeune fille, maintenant avec votre mari; lors de votre prochaine visite, vous viendrez avec votre enfant!"

Ces six jours sont vraiment bénis. Abdu'l-Bahá s'y réfère en 1911 et 1913:"Ton désir le plus cher était d'avoir un enfant pour lequel tu as prié et supplié lors de ton séjour à Saint-Jean-d'Acre. Louange à Dieu! ta prière a été entendue et ton désir exaucé. Dans le jardin de l'existence une rose a fleuri avec une fraîcheur, un parfum et une beauté extrêmes... Je demande à Dieu que ce petit enfant devienne grand et merveilleux dans le Royaume Divin".

Rúhíyyih Khánum naît en 1910.

 

May, " Porte-parole spirituel " d'Abdu'l-Bahá

Jours bénis

 

Après 5 mois passés aux États-unis, malgré les appréhensions de ses amis, le Maître accepte l'invitation des Maxwell à Montréal. Depuis une semaine les colonnes du Montréal Daily Star annoncent ce grand événement. Dans ces heures de grande inquiétude pour le Canada, de conflit menaçant, les prédictions de cet "Apôtre de la Paix ...(d')une guerre épouvantable" font la une des journaux.

En plus d'entretiens quotidiens avec des groupes et des individus, Abdu'l-Bahá donne sept conférences publiques. Sa dernière conférence attire 1200 auditeurs à l'Église Méthodiste de St James. Quatre causeries sont organisées dans la maison des Maxwell. Beaucoup de ceux qui l'entendent sont des croyants tandis que d'autres le deviendront.

 

La contribution de May pour ce séjour historique est énorme car elle organise la plupart des rendez-vous. Abdu'l-Bahá ne se rend nulle part ailleurs au Canada; il espéra plutôt que le temps passé à Montréal ait pu émouvoir cette ville de manière à ce que "la mélodie du Royaume puisse s'étendre à toutes les parties du monde. Ne regardez pas votre petit nombre ordonna-t-il aux bahá'ís de Montréal: une perle vaut mieux qu'une étendue de milliers de grains de sable spécialement cette perle de grand prix, qui est dotée de bénédiction divine".

Et à May Maxwell, il confie une tâche spéciale, en adressant à ses bons soins Ses deux puissantes Tablettes destinées à cette Nation.

 

La première est reçue à la fin de 1916. Les énergies secrètes libérées par ces paroles mères semblent avoir entouré la Huitième Convention (avril 1916).

Avec une intuition sublime, dans le mois même où le Maître énonce - "la bannière de l'unité doit être déployée dans ces états" - May formule l'unité du monde humain d'une manière si merveilleuse qu'on aurait pu penser qu'Abdu'l-Bahá se servait d'elle pour transmettre un message à la Convention.

 

Ce n'est pas la première ni la dernière fois que son esprit pénétrant, remuant, embrasé du feu de l'amour de Dieu ressuscite les délégués dans leurs sessions. Elle assiste à la plupart des Conventions souvent en tant que représentante de Montréal même si en de nombreuses occasions elle est limitée par ses problèmes de santé.

Le Maître dit d'elle: "May est vraiment une bahá'íe". Toutes les paroles qu'elle prononce sont au service de la Cause de Dieu. Quiconque la rencontre perçoit les effluves du Royaume. Sa fréquentation élève et développe l'âme...".

 

Son plus grand talent est l'enseignement.  Ce n'est pas toujours son rôle d'instruire le demandeur; bien qu'elle le fasse avec un charme sans égal. Pour d'innombrables bahá'ís elle ouvre plutôt la porte d'un trésor caché qu'ils avaient longtemps cherché.

Elle est captivée par "le mystère du courant éternel de la Vie, coulant à travers les générations". Que ce soit à Montréal, New York, Stuttgart, Paris ou Lyon, sa perception de la force pure, vivante, de la génération montante à l'ombre de Shoghi Effendi attire à elle beaucoup de jeunes esprits. Car elle est irrésistible ; décrite d'une manière vivante par sa propre fille:

 

"Beaucoup de gens inspirent plus ou moins d'amour aux autres, mais je ne pense pas avoir jamais connu quelqu'un qui inspira l'amour comme Maman le faisait - si bien que c'était un événement quand quelqu'un venait la voir. Et ceci je l'ai senti toute ma vie, jour après jour et ce n'est jamais devenu banal ".

 

Renommé à juste titre depuis 1927, le Groupe de Jeunes de Montréal profite infiniment de son soutien. Comme M. Estall l'a dit: "chaque jeune bahá'í cherchait sa compagnie pour bénéficier de ses sages conseils et de sa maturité dans la connaissance ... ou bien était simplement ami avec elle et expérimentait le privilège de sa tendre amitié et de sa générosité".

 

Ses sympathies ne connaissent pas de limites.

 

"Si nous connaissions la réalité, le mystère de l'unité, nous devrions rester debout dans la lumière divine ... et nous devrions être les uns pour les autres une source impérissable de vie, de force, de guérison, de joie et de bénédiction".

Ce thème, elle ne l'évoque pas négligemment. Autour de lui, toutes ses actions coulent avec une abondance rappelée avec tendresse par ses amis de tous bords. Généreuse au delà de toutes limites, elle donne indistinctement "au Temple et au suivi du travail d'enseignement; pour la charité; pour soulager la détresse" (Mariam Haney). Grâce à son grand courage, elle se fait la championne des causes négligées ou des déshérités.

 

Durant toutes ces années de service à la Foi sur le continent nord-américain, de 1902 à 1940, elle est pour ses coreligionnaires, pour la communauté locale et nationale un lien spirituel unique. "Mère des peuples latins" est-elle appelée; elle est en fait la mère de tous les coeurs assoiffés dans chaque endroit qu'elle visite.

 

Et cette relation est spécialement la sienne au Canada. Les Tablettes du Plan Divin dégagèrent en elle un élan qui ne diminua jamais.

En 1916, elle part avec Grace Ober dans le "nord-est lointain". Elle enseigne aussi avec Marion Jack et, après 1920 avec Elizabeth Greenleaf: Ottawa, Toronto, Calgary et Vancouver. L'Assemblée Spirituelle de Vancouver est le résultat direct de son séjour en juillet 1926.

 

Cependant elle n'est jamais satisfaite. "...Le Dieu miséricordieux est le seul à évaluer notre échec", écrit-elle. Mais seulement Lui peut estimer aussi bien la victoire de son esprit intrépide sur chaque obstacle.

Le Maître disait: "Ton Seigneur te donnera une telle force que les Reines de la terre envieront ton bonheur parce qu'en vérité, l'Amour de Dieu est une Couronne glorieuse sur ta tête dont les bijoux scintillent sous tous les horizons."

 

 

 

Décès d'Abdu'l-Bahá,

Rencontre avec Shoghi Effendi

 

Après l'ascension d'Abdu'l-Bahá, le 29 novembre 1921, elle fait une véritable dépression causée par le choc de Son décès dont la nouvelle lui a été communiquée très brutalement par téléphone. Pendant presqu'un an, on ne sut si elle allait vivre, mourir ou perdre la raison. Son mari pense alors que la seule façon de chasser le chagrin et les idées noires (elle disait qu'en raison de son manque de dignité elle ne verrait jamais plus le Maître bien-aimé dans l'autre monde) c'est de refaire un pèlerinage à Haïfa, pour voir le jeune successeur d'Abdu'l-Bahá.

 

C'est ainsi qu'ils arrivent en Terre Sainte en avril 1923. Shoghi Effendi ressuscita littéralement cette femme, qui était arrivée tellement malade qu'elle ne pouvait plus se déplacer qu'en fauteuil roulant. Depuis cette époque l'affection de May se reporta sur le Gardien et pendant vingt ans elle le servira avec la même fidélité:

"Rien n'est assez grand pour souffrir pour lui, aucune discipline quotidienne, aucun effort ou sacrifice, aucun abandon de tout ce qui est sur cette terre..."

 

 

Voyage d'enseignement en Europe

(1935 -1937)

 

Quand en août 1935, Shoghi Effendi lance aux croyants américains un appel à se tourner vers l'Europe, May, précédée par sa fille et les membres de sa famille, Ruh-angiz et Jeanne Bolles, quitte l'Amérique avec son mari. Ce devait être une brève visite. En réalité, elle ne reviendra pas avant deux ans; elle ne reviendra pas avant que sa prière, prononcée en 1934 - "il renaît en moi une aspiration profonde, vitale de fouler ce chemin blanchi par les os des soldats tombés au champ d'honneur!", n'ait trouvé une réponse brûlante.

Elle n'a pas le moindre soupçon de la destinée de Rúhíyyih Khánum, ni de ce lien sacré qui devait couronner ses "services remarquables" lorsqu'elle entreprend avec une énergie continuelle l'enseignement en Allemagne, Belgique et France. Déjà à ses yeux le Vieux Monde est devenu un véritable cimetière. "C'est épouvantable d'être parmi tant de morts, "de la poussière en mouvement" comme nous les voyons ici... La pression atmosphérique mentale,morale et spirituelle est suffocante... car les forces des ténèbres enveloppent complètement le monde, cherchant à s'introduire dans chaque esprit, à l'obscurcir et à le broyer. Venir travailler ici en Europe, c'est comme être portée par un courant, presque sans volonté, complètement sans projet, sous la houlette du Gardien.... Il passe le monde au peigne fin à la recherche de ses perles - avant l'apocalypse!"

Quelquefois seule, quelquefois avec d'autres membres de sa famille, elle poursuit ce but, cherchant à reconnaître et à libérer de la léthargie ces coeurs connus seulement de Bahá'u'lláh. Elle enseigne d'abord dans certains centres allemands, particulièrement à Munich et Stuttgart admirant ce "pays profondément intéressant" et ses habitants, admiration qui devait être grandement renforcée quand en août 1936, elle retourne à l'École d'été d'Esslingen. Ensuite, à la demande de Shoghi Effendi, elle effectue une grande tournée des communautés bahá'íes allemandes ...". Elle prend ainsi part à cette session finale palpitante à Esslingen: "Toutes les barrières internationales étaient abolies et il y avait une unité spirituelle, une joyeuse camaraderie... qui atteignit son point culminant à la lecture du câblogramme du Gardien contenant son appel passionné à l'Amérique..."

 

Elle travaille également intensément à Bruxelles d'octobre 1935 à avril 1936 avec une interruption de quelques jours à Noël pour assister à la Sixième Conférence Annuelle des Etudiants Bahá'ís à Paris "parce qu'ils m'ont donné l'occasion de parler des activités des jeunes bahá'ís américains...". Durant les différents séjours qu'elle fait à Paris, "elle fortifiait les bahá'ís dans leur croyance et attirait d'autres âmes à la Cause par le dynamisme de sa foi, par la clarté de son esprit" (Laura Dreyfus-Barney).

Aussi brillamment qu'elle rayonne dans chaque domaine, elle se surpasse à partir d'avril 1936 à Lyon, où elle vient servir d'assistante à Mirzá Ezzatollah Zabih, un bahá'í persan.

Elle relate les événements avec une grande modestie:

·     "Les réunions se tiennent tous les jeudis pour 10  à 15 personnes;

·     " une réunion spéciale a commencé pour l'étude de l'Administration bahá'íe, pour laquelle "Lyon est une terre vierge";

·     "la première fête des 19 Jours"peut-être jamais tenue en France";

·     "un groupe d'étude commencé pour les jeunes...";

"et grâce à la Loi de Dieu pour notre temps, leur compréhension et leur foi se renforcent et s'approfondissent...".

 

C'est ce qu'elle écrit sur ce qui se passe à Lyon; mais, à Lyon, qu'écrit-on  sur elle?

 

"Un simple regard de May Maxwell et toute son âme apparaissait dans sa beauté limpide, sa pureté, son amour. De ce premier regard découla la force neuve et vive qui éveilla Lyon au grand Message... Elle pouvait parler des heures - mais on désirait l'entendre pendant des années; car le visage de son enseignement sacré était une joie perpétuelle pour le cœur, un souffle vivifiant pour l'esprit, un repos, un allégement! Douée du don céleste le plus rare au monde, le diapason de son âme vibrait harmonieusement avec les âmes qu'elle touchait même pour la première fois. Sa fraîcheur et sa jeunesse lui faisaient manifester des joies avec la spontanéité d'une enfant.

Comme elle se trouvait un jour à mon laboratoire, je lui montrai des amibes au microscope, ces animaux unicellulaires les plus simples de la création. Elle s'écria avec ravissement: "Oh! que je suis contente! j'ai vu les deux extrémités de la création: le Maître et puis le premier échelon de la vie animée"...

La conséquence de son influence historique sur la France... fut la création du groupe lyonnais en 1936; guidé par elle, ce dernier à son tour, fonda celui d'Orléans en 1938, puis d'Hyères en 1939.... Car Madame Maxwell ne vit pas dans le cœur de ses enfants à l'état simplement de souvenir, de pensée ou de sentiment; elle vit à l'état actif par eux... Seules, les années à venir rendront un témoignage exact et équitable de la portée profonde et durable de son œuvre spirituelle" (Lucienne Migette ).

 

Que dire de plus? Un tel éloge porte un témoignage éternel, distillant aux siècles futurs le parfum de ses actes.

 

Mariage de sa fille

Mary Maxwell, Rúhíyyih Khanúm

25 mars 1937

 

Événement sublime, imprévu le mariage de sa fille avec le Gardien ! Nous n'avons pas de mots pour décrire ces émotions: sa sensibilité, la gratitude touchante, la douleur, son dépassement, la joie indicible et infinie du cœur! Disons seulement ceci: son foyer était Haïfa. Elle ne revit jamais Rúhíyyih Khánum après mai 1937; elle n'eut plus l'occasion d'éprouver, après ces cinq mois de visite bénie la force instantanément revivifiante du Gardien. Cependant, dans un sens plus profond, elle vécut là, heure par heure jusqu'à son dernier jour.

 

"Il fut une époque où le protocole et l'austère discipline auquel ma fille était soumise me tourmentait en raison de ma faiblesse et de mon désir instinctif de protection maternelle. Mais c'est elle-même (associée avec une lueur de bon sens de ma part), qui m'initia à l'esprit spartiate de cette mère persane qui rejeta la tête de son fils martyrisé à son bourreau... Et comme j'assistais, d'année en année, au changement profond et mystique chez Rúhíyyih Khánum ... je fus émerveillée de la grâce de Dieu et de son œuvre délicate et parfaite...".

 

Il n'y eut pas de célébration, pas de fleurs, pas de cérémonies élaborées, pas de robe de mariage, pas de réception. La sérénité, la simplicité, la réserve et la dignité de ce mariage ne signifiaient pas que le Gardien le considérait comme un événement sans importance, au contraire. Le point le plus marquant de ce mariage est l'importance que le Gardien donna au fait que ce mariage rapprochait l'Orient de l'Occident.

 

 May resta deux mois après le mariage en Palestine.

 

Retour et voyages aux Etats-Unis

(1937 - 1940)

 

La profondeur de la connaissance que sa vie "si riche, si mouvementée, si incomparablement bénie" lui avait progressivement procurée, exerça sur ses amis américains, dès le premier moment de son retour en septembre 1937,  un effet insaisissable, irrésistible et merveilleux. "Elle se déplaçait parmi nous , esprit de pure lumière, symbole de fidélité, fontaine de puissance céleste. Sa sagesse et son dévouement étaient comme des fontaines d'eau douce nouvellement découvertes"( Elizabeth Greenleaf ).

Etre près d'elle voulait dire avoir son âme à jamais transformée.

 

En décembre 1939 et janvier 1940, elle voyage et enseigne avec M. Maxwell à New York, Englewood, Washington et Philadelphie. La veille du nouvel an avec Mason Remey, ils célèbrent ensemble l'anniversaire de sa déclaration à Paris, 40 ans plus tôt. Son livre terrestre approche de sa fin; mais il reste un chapitre bref et triomphant.

 

L'Amérique du Sud

Dernier voyage terrestre

(24 janvier  - 3 mars 1940)

 

L'Amérique du Sud était devenue une réalité pour elle en 1928 au travers de Frances Stewart, qu'elle considérait tendrement comme son "âme". Pendant douze ans elles entretinrent une relation qui renforça chacune au service de ce vaste continent.

Cependant elle ne pensait pas y aller, jusqu'à ce que le Gardien lance un puissant appel à la communauté américaine pour installer des pionniers dans ces pays et séduire leurs ressortissants grâce à un enseignement brillant. Elle fut immédiatement séduite.

 

"Son sujet constant de conversation était la Cause en Amérique du Sud. Les questions qu'elle m'adressait étaient inépuisables... Jamais je ne pourrai oublier la lumière qui éclairait son visage quand je lui racontais les histoires individuelles des amis... Son esprit était comme celui d'un "petit enfant" dans son enthousiasme et l'Amérique du Sud lui apparut peu à peu comme un "champ prêt pour la moisson"... (Frances Stewart). Ceci, elle le mentionna à sa fille: "Vous pouvez bien imaginer mon étonnement quand un câble revint immédiatement dans lequel le Gardien dit qu'il "approuvait de tout cœur une visite d'hiver à Buenos Aires". 

 

Elle ne perd pas de temps. S'assurant du consentement de son mari et de celui de son médecin, elle fait voile le 24 janvier 1940 sur le .S.S. Brazil avec sa "précieuse nièce", Jeanne Bolles. Le voyage, le climat, les excellents contacts personnels, les nouvelles et belles villes de Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires - tout ceci l'enchanta. Elle réussit à enseigner "une charmante dame sur le bateau, la femme d'un officier distingué de l'armée".

A Rio de Janeiro, avec l'aide de Leonora Holsapple qui était venue de Bahia, elle donne deux thés à son hôtel, le Gloria, un pour 19 invités, tandis qu'une troisième réunion a lieu dans la maison de M. et Mme Lee Worley.

Elle parle aussi au Président du Collège d'Homéopathie.

Cependant, malgré ces deux semaines de succès vivifiant, elle est pressée d'atteindre Buenos Aires; "elle semblait accélérer chaque minute à partir de Rio...’ Jeanne Bolles)

 

Elles arrivent le 28 février 1940 après un jour d'arrêt à Santos et à Montevideo.

"Je suis émue d'être ici à Buenos Aires" écrit-elle "une belle ville moderne et un mélange intéressant d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud, avec un climat enchanteur et des gens délicieux..."

"Comme nous parcourions les rues en voiture, le joyeux enthousiasme de cette chère tante May la faisait ressembler à une jeune fille de 16 ans... Elle se penchait à la fenêtre du taxi et s'exclamait de joie..."9.

Le soir du 29 février, elles dînent seules dans la chambre de May au City Hotel, transportées en pensées à Haïfa car elles viennent de recevoir de Ruhíyyíh Khánum le

compte-rendu poignant de l'enterrement sur le Mont Carmel des illustres mère et frère du Maître.

Et elle reçoit le premier appel téléphonique bahá'í de bienvenue à Buenos Aires; elle est d'humeur radieuse.

Mais le matin suivant elle ressent une douleur aiguë dans la poitrine et bien que le docteur les rassure toutes deux, "la volonté de Dieu l'enleva à nous..."( Jeanne Bolles).

 

C'est une longue veille qu'entreprend Jeanne "comme un ange du ciel". Mais elle n'est pas seule, car les Kevorkians et Arsen Poghaharion, des bahá'ís syriens, sont à Buenos Aires et sont bientôt rejoints par Elizabeth Nourse, Wilfrid Barton, et Simon Rosenzweig de Montevideo. Le 3 mars, May reçoit une sépulture temporaire, dans le cimetière anglais.

 

" Honneur inestimable d'une mort de martyre!", tel fut l'hommage impérissable du Gardien. Et à M. Maxwell, il câbla: "Sa tombe désignée par vous-même, érigée par moi, sur le lieu où elle a combattu, où elle est tombée glorieusement, deviendra un centre historique pour l'activité des pionniers bahá'ís".

 

Ils l'enterrèrent ensuite à Quilmes, un endroit approprié, découvert après une patiente recherche par Jeanne et Wilfrid Barton.  A midi, le 13 mars,  accompagnée par les prières de onze croyants d'Argentine, du Brésil, d'Uruguay, de Colombie, de Syrie et des États-unis et par le chant saisissant du Maître, enregistré si longtemps avant et maintenant exprimé pour la première fois en Amérique du Sud pour sa propre "servante bien-aimée", sa précieuse forme intégra son lieu de repos éternel. A la même heure à Montréal un service funèbre était célébré  par ses chers amis.

 

 

Retour et voyages aux Etats-Unis

(1937 - 1940)

 

La profondeur de la connaissance que sa vie "si riche, si mouvementée, si incomparablement bénie" lui avait progressivement procurée, exerça sur ses amis américains, dès le premier moment de son retour en septembre 1937,  un effet insaisissable, irrésistible et merveilleux. "Elle se déplaçait parmi nous , esprit de pure lumière, symbole de fidélité, fontaine de puissance céleste. Sa sagesse et son dévouement étaient comme des fontaines d'eau douce nouvellement découvertes"( Elizabeth Greenleaf).

Etre près d'elle voulait dire avoir son âme à jamais transformée.

 

En décembre 1939 et janvier 1940, elle voyage et enseigne avec M. Maxwell à New York, Englewood, Washington et Philadelphie. La veille du nouvel an avec Mason Remey, ils célèbrent ensemble l'anniversaire de sa déclaration à Paris, 40 ans plus tôt. Son livre terrestre approche de sa fin; mais il reste un chapitre bref et triomphant.

 

L'Amérique du Sud

Dernier voyage terrestre

(24 janvier  - 3 mars 1940)

 

L'Amérique du Sud était devenue une réalité pour elle en 1928 au travers de Frances Stewart, qu'elle considérait tendrement comme son "âme". Pendant douze ans elles entretinrent une relation qui renforça chacune au service de ce vaste continent.

Cependant elle ne pensait pas y aller, jusqu'à ce que le Gardien lance un puissant appel à la communauté américaine pour installer des pionniers dans ces pays et séduire leurs ressortissants grâce à un enseignement brillant. Elle fut immédiatement séduite.

 

"Son sujet constant de conversation était la Cause en Amérique du Sud. Les questions qu'elle m'adressait étaient inépuisables... Jamais je ne pourrai oublier la lumière qui éclairait son visage quand je lui racontais les histoires individuelles des amis... Son esprit était comme celui d'un "petit enfant" dans son enthousiasme et l'Amérique du Sud lui apparut peu à peu comme un "champ prêt pour la moisson"... (Frances Stewart). Ceci, elle le mentionna à sa fille: "Vous pouvez bien imaginer mon étonnement quand un câble revint immédiatement dans lequel le Gardien dit qu'il "approuvait de tout cœur une visite d'hiver à Buenos Aires". 

 

Elle ne perd pas de temps. S'assurant du consentement de son mari et de celui de son médecin, elle fait voile le 24 janvier 1940 sur le .S.S. Brazil avec sa "précieuse nièce", Jeanne Bolles. Le voyage, le climat, les excellents contacts personnels, les nouvelles et belles villes de Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires - tout ceci l'enchanta. Elle réussit à enseigner "une charmante dame sur le bateau, la femme d'un officier distingué de l'armée".

A Rio de Janeiro, avec l'aide de Leonora Holsapple qui était venue de Bahia, elle donne deux thés à son hôtel, le Gloria, un pour 19 invités, tandis qu'une troisième réunion a lieu dans la maison de M. et Mme Lee Worley.

Elle parle aussi au Président du Collège d'Homéopathie.

Cependant, malgré ces deux semaines de succès vivifiant, elle est pressée d'atteindre Buenos Aires; "elle semblait accélérer chaque minute à partir de Rio... (Jeanne Bolles)

 

Elles arrivent le 28 février 1940 après un jour d'arrêt à Santos et à Montevideo.

"Je suis émue d'être ici à Buenos Aires" écrit-elle "une belle ville moderne et un mélange intéressant d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud, avec un climat enchanteur et des gens délicieux..."

"Comme nous parcourions les rues en voiture, le joyeux enthousiasme de cette chère tante May la faisait ressembler à une jeune fille de 16 ans... Elle se penchait à la fenêtre du taxi et s'exclamait de joie..."( Jeanne Bolles).

Le soir du 29 février, elles dînent seules dans la chambre de May au City Hotel, transportées en pensées à Haifa car elles viennent de recevoir de Ruhíyyíh Khánum le

compte-rendu poignant de l'enterrement sur le Mont Carmel des illustres mère et frère du Maître.

Et elle reçoit le premier appel téléphonique bahá'í de bienvenue à Buenos Aires; elle est d'humeur radieuse.

Mais le matin suivant elle ressent une douleur aiguë dans la poitrine et bien que le docteur les rassure toutes deux, "la volonté de Dieu l'enleva à nous..."( Jeanne Bolles).

 

C'est une longue veille qu'entreprend Jeanne "comme un ange du ciel". Mais elle n'est pas seule, car les Kevorkians et Arsen Poghaharion, des bahá'ís syriens, sont à Buenos Aires et sont bientôt rejoints par Elizabeth Nourse, Wilfrid Barton, et Simon Rosenzweig de Montevideo. Le 3 mars, May reçoit une sépulture temporaire, dans le cimetière anglais.

 

" Honneur inestimable d'une mort de martyre!", tel fut l'hommage impérissable du Gardien. Et à M. Maxwell, il câbla: "Sa tombe désignée par vous-même, érigée par moi, sur le lieu où elle a combattu, où elle est tombée glorieusement, deviendra un centre historique pour l'activité des pionniers bahá'ís".

 

Ils l'enterrèrent ensuite à Quilmes, un endroit approprié, découvert après une patiente recherche par Jeanne et Wilfrid Barton. A midi, le 13 mars,  accompagnée par les prières de onze croyants d'Argentine, du Brésil, d'Uruguay, de Colombie, de Syrie et des Etats-Unis et par le chant saisissant du Maître, enregistré si longtemps avant et maintenant exprimé pour la première fois en Amérique du Sud pour sa propre "servante bien-aimée", sa précieuse forme intégra son lieu de repos éternel. A la même heure à Montréal un service funèbre était célébré par ses chers amis.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

Maison Universelle de Justice, The Bahá'í World, vol., Bahá'í World Centre, p. 140 à 151

 

MAXWELL May. An Early Pilgrimage, George Ronald, Oxford, 1953, p. 6 à 8

 

RABBANÍ Rúhíyyih, La Perle Inestimable, Maison d'Éditions baha'ies, Bruxelles, 1976, p. 180 à 185


 

 

 

Compilé et traduit de l'anglais par Annaïck Guéry

L'Association Bahá'íe de Femmes remercie  Annaïck Guéry d'avoir préparé ce travail et de l'avoir autorisée à le publier.

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